Arboristes Mag - Numéro 15

2 L’agrile du frêne est un coléoptère (Agrilus planipennis) qui transmet, comme son nom l’indique, une maladie aux frênes. Il cible principalement le frêne noir (Fraxinus Nigra) aux ÉtatsUnis et en Russie, mais peut tout à fait infecter nos frênes communs locaux (Fraxinus excelsior) : il commence d’ailleurs à se répandre en Europe et fait rapidement de l’ombre à la première cause de dépérissement du frêne, le champignon Chalara Faxinea. En Amérique du Nord comme en Europe, les frênes ont été dévastés, et jusqu'à ce qu'ils soient remplacés (probablement par le Fraxinus mandshurica, plus résistant), les arboristes vont être confrontés à de nombreux sites impliquant des frênes dont l’ascension et le démontage se révèleront particulièrement dangereux en raison de leur atteinte structurale. La grimpe et le démontage des arbres tués par l’agrile du frêne peuvent être des processus très dangereux. Dans cet article, nous examinerons comment abattre, grimper et démonter en toute sécurité des arbres affectés par l'agrile du frêne. Écrit par Chris Girard, Traduit de l’anglais par Eléonore Lovillo. L'agrile du frêne a été découvert pour la première fois aux ÉtatsUnis dans le sud-est de l'État du Michigan en 2002, mais les experts datent plutôt son introduction dans les années 90. Ce petit ravageur a très probablement voyagé gratuitement depuis l'Asie sur du bois de frêne infecté, utilisé pour fabriquer les palettes d'expédition.Depuis lors, il a migré vers l'est et l'ouest, entraînant sur son passage la destruction des frênes indigènes d'Amérique du Nord. Selon un professionnel de la lutte antiparasitaire avec lequel je me suis entretenu, l'agrile du frêne aurait également causé indirectement la mort d'arboristes grimpeurs qui auraient travaillé dans des arbres infestés sans connaître les spécificités propres au démontage de frênes atteints de cette maladie. Dans le New Hampshire, où je vis et travaille, l'agrile du frêne a été découvert pour la première fois en 2013 dans le comté de Merrimack, au centre de l'État. Ce nuisible extrêmement destructeur a depuis envahi neuf des dix comtés de l'État, ne s’arrêtant jamais avant d’avoir infesté et tué le moindre frêne qu’il rencontre. Récemment, Girard Tree Service LLC, que je co-dirige et exploite avec ma femme Heide, a eu l'occasion de restaurer une ancienne rangée d’arbres le long d'un mur en pierre sur le site d'une ferme historique. La propriété possède une abondance de beaux érables à sucre (Acer saccharum), ainsi que de nombreux frênes (Fraxinus), dont il existe 18 types (ou espèces) dans ce pays. Le long de ce mur de pierre, tous les frênes étaient morts. De plus, comme par hasard, la ferme se trouve dans le comté de Merrimack, à moins de huit kilomètres du foyer initial où l'agrile du frêne a été pour la première fois détecté dans le New Hampshire. Je savais donc que la plupart des arbres, sinon tous, étaient morts depuis des années. Rendre à cette belle lisière sa gloire d'antan allait être une tâche de plusieurs jours, car la plupart des arbres étaient également fortement enchevêtrés et étouffés par les lianes d'une vigne du Japon, une autre espèce envahissante originaire d'Asie. Tous les arboristes-grimpeurs qui ont déjà eu le « plaisir » de se frayer un chemin parmi les tentacules de cette œuvre maudite de Mère Nature savent à quel point ce processus peut être long et frustrant. PETIT RAPPEL SUR L'AGRILE DU FRÊNE Nous avons commencé les travaux en sachant que la plupart des frênes abattus pourraient simplement atterrir dans le champ adjacent au mur de pierre. Mais quelques-uns allaient devoir être escaladés et sécurisés avec des cordes de traction, et l'un d'entre eux allait devoir faire l'objet d'un démontage complet par tronçons. Nous sommes une petite entreprise familiale, et j'ai pour principe de ne pas envoyer mes grimpeurs dans des arbres complètement morts. Je ne veux pas prendre le risque qu'il leur arrive quelque chose. C'est pourquoi je grimpe toujours moi-même dans les arbres vraiment fragiles, et tous ces frênes morts étaient plus que fragiles : ils étaient dans un état de risque critique. Chris Girard est arboriste certifié de l’ISA (International Society of Arboriculture), technicien de niveau 1 de la SPRAT (Society of Professional Rope Access Technicians) et propriétaire de Girard Tree Service, une entreprise membre de la TCIA (Tree Care Industry Association) depuis 15 ans, basée à Gilmanton dans le New Hampshire, aux États-Unis. 2 Crédit photo : Chris Girard LEGENDES 1 Lorsque j'ai commencé mon ascension dans l'arbre, il m’a semblé fidèle à ce que je m’étais imaginé : de texture dure et cassante. Photo de l'avant RESTAURATION D'UNE RANGÉE D'ARBRES 49 É TÉ 2024 15

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