Arboristes Mag - Numéro 6
I ngénieur de recherche et développement à l’IDF, l’ins- titut technique du centre national de la propriété fores- tière (CNPF), Christophe Drénou partage son activité professionnelle autour de trois axes : la recherche et développement en biologie des arbres, dans le cadre de projets nationaux ou européens associant ingénieurs et tech- niciens, chercheurs et professionnels ; la formation pour trans- mettre les nouvelles connaissances acquises ; la publication d’ar- ticles scientifiques et d’ouvrages. A titre personnel, il a aussi publié plusieurs livres à destination du « grand public ». A la question, pourquoi cet intérêt pour les arbres ? Il répond : « Au fil des années je me suis rendu compte que cet intérêt vient d’abord de mon amour profond des arbres et de leur beauté ». INTERVIEW Une nouvelle édition revue et augmentée de « La taille des arbres d’ornement » est parue fin 2021, 22 ans après la pre- mière version, quelles sont les nouveautés marquantes ? C.D. : Durant ces deux dernières décennies, les connaissances scientifiques sur les arbres ont beaucoup progressé. Elles ont permis de faire évoluer la compréhension complexe de leur fonc- tionnement. Leur prise en compte a conduit à proposer d’autres approches dans le domaine du diagnostic et de la gestion des arbres. On peut citer par exemple, le développement de la méthode d’analyse visuelle des arbres ARCHI ; l’étude de la thigmomor- phogenèse (façon dont les plantes perçoivent les sollicitations mécaniques de leur environnement et y répondent), l’étude des dendromicrohabitats et leurs rôles pour la biodiversité... Le re- gard des consultants professionnels évolue, les pratiques des arboristes grimpeurs aussi, avec une vision différente sur les bois morts, les cavités, les fourches... La non-taille est devenue une option de gestion à part entière. Le vocabulaire a changé égale- ment, avec la volonté d’une approche moins « négative ». Ainsi, le terme de gourmand a été remplacé par celui de sup- pléant, le terme défaut par celui de singularité morphologique. Car la présence de bois morts ou d’une écorce incluse n’est pas forcément synonyme de risque ou de danger, surtout si l’on se place du point de vue de la préservation de la biodiversité. Ces changements sont-ils bien acceptés ? C.D. : L’avancée des connaissances scientifiques se fait toujours lentement, surtout lorsqu’elle remet en question des données acquises depuis longtemps. Leur intégration dans les pratiques des professionnels et leur diffusion vers le grand public sont également très longues, car un changement de paradigme est difficile et suscite des réticences. Nous vivons dans un monde anxiogène et une culture du risque zéro, de la performance et de l’immédiateté. Un contexte qui a un impact sur l’arboriculture ornementale, avec une approche très (trop) sécuritaire. C’est pourquoi la plupart des expertises mettent en avant le terme défaut dès la phase diagnostic, alors que celle-ci devrait être réalisée avec une approche neutre. Et dans l’imaginaire des gens, un arbre qui n’est pas taillé est for- cément dangereux. Pourtant, après 30 ans d’expérience, je me rends compte que lorsque l’on revient sur des arbres pour lesquels on s’est « trompé » sur leur devenir, c’est le plus souvent par excès de pessimisme : des sujets que l’on avait imaginé mourir sont encore sur pied et bien verts ! En ville, mais également en forêt, beaucoup d’abattages ont été réalisés par excès de prudence ces dernières décennies, notam- ment après des épisodes de sécheresse comme ceux de 1976 ou de 2003. Si l’on veut rester optimiste, on peut tout de même dire que le train est résolument en marche. 1964 NAISSANCE À PLOËRMEL Morbihan 1987 DIPLÔME D’INGÉNIEUR HORTICOLE Spécialité Arboriculture ornementale à l’ENITH Angers, aujourd’hui Institut Agro Rennes-Angers 1988 DEA BOTANIQUE TROPICALE APPLIQUÉE Au sein du laboratoire de Francis Hallé à Montpellier 1990/1992 COOPÉRATION EN CÔTE D’IVOIRE POUR LE CIRAD Organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéenne. Travail sur l’hévéa. 1992/1994 THÈSE DE DOCTORAT Intègre l’Institut pour le Développement Forestier (IDF) DEPUIS 1994 POURSUIT SES TRAVAUX DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT À L’IDF Antenne de Toulouse BIO EXPRESS Christophe Drénou À L’HONNEUR 9 PR I NTEMPS 2022 6
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