Arboristes Mag - Numéro 2
Certains vous attribuent la paternité de la fausse fourche en France, pouvez-vous nous parler de cette aventure ? F. M. : La fausse fourche est née au tout début des années 1990 et son invention revient en fait à François Dussenne, un arbo- riste belge avec qui je travaillais régulièrement. Jusque là, les grimpeurs travaillent avec une corde à trois torons qu’ils passent autour de la branche sur laquelle ils souhaitent fixer leur point d’ancrage. Cette technique engendre d’importants frottements entre la corde - très rugueuse du fait de sa structure - et l’écorce des arbres, avec à la clef une pénibilité accrue pour les profes- sionnels dans leurs déplacements, une usure du matériel et des risques de blessures irréversibles pour les arbres. Amateur de montagne François Dussenne a l’idée de couper un huit d’escalade en deux et de relier les deux anneaux par une sangle : la fausse fourche est née. Grâce à l’esprit de partage qui anime la profession, la diffusion est rapide et mondiale, notam- ment à travers le premier championnat d’Europe où les améri- cains présents apportent la technique du lancer de petit sac et repartent avec ce nouveau matériel révolutionnaire. L’indus- trialisation de la fabrication de la fausse fourche débutera avec l’entreprise Komet basée à Vierzon, alors l’une des rares sociétés spécialisée dans le seul secteur de l’élagage. Vous avez été le contributeur principal du Guide pratique du grimpeur élagueur édité par la SFA en 2001, quel était l’ob- jectif de ce projet ? F. M. : 15 ans après les débuts de l’arboriculture ornementale en France, la profession d’arboriste grimpeur s’est développée, les équipements et les techniques spécifiques aussi. Il existe encore peu d’ouvrages spécialisés en français : après le « guide de l’élagueur dans les parcs et les forêts » d’Amédée Morange (1878), il faut attendre « L’élagage, la taille des arbres d’ornements » d’Emmanuel Michau, édité en 1985 par l’Institut pour le développement forestier (IDF) puis son remplaçant qui s’appuie sur des données scientifiques et techniques actualisées « La taille des arbres d’ornement, du pourquoi au comment » de Christophe Drénou paru en 1999, également aux éditions IDF. Ces ouvrages font référence pour les pratiques de taille et la biolo- gie des arbres, mais ils n’abordent pas les aspects techniques du métier d’arboriste grimpeur et cela manque aux praticiens. Mes expériences à l’étranger, mon implication au sein de Séquoia et de la SFA ainsi que dans les groupes de travail qui oeuvrent sur la réglementation du travail en hauteur ont fait que j’ai été sollicité pour formaliser les connaissances du moment dans le Guide pra- tique du grimpeur élagueur. Mais il est bien le fruit d’un travail collectif associant des grim- peurs, des formateurs, des fabricants et distributeurs, la MSA, l’association française de normalisation. Frédéric Mathias À L’HONNEUR Illustration : Camille DÉGARDIN Les premières Fausses-fourches dont celle de Rogers SASSOLAS-SERRAYET (en bas) 10 Mag
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